Les serpents Les serpents Les serpents

Les serpents

texte Marie NDiaye
mise en scène Anne-Margrit Leclerc
avec Claire Aveline, Noémie Carcaud, Stéphanie Farison
musique, son Lionel Marchetti
scénographie Grégoire Faucheux
lumière Nicolas Faucheux
production Compagnie du Jarnisy, Jarny
création 8 novembre 2017, Théâtre de la Maison d’Elsa, Jarny
photographies Arnaud Hussenot

Une scénographie comme réceptacle de la fiction qui va accoucher de la représentation (comme celle d'hier, celle de ce soir sera unique, et demain sera un autre jour, et ainsi vont les cycles). Un dénuement formel (rien ou presque) et une spatialité en constante mutation (son et lumière imperceptiblement changeants) comme terrains d'imaginaires (des artistes d'une part et du public d'autre part : de chacun).
Dans l'immensité oppressante du paysage, une maison sans seuil (apparaissant, selon le point de vue de chacun, ainsi, autrement, ou pas du tout) et une sépulture (qu'on ne saurait où situer). Un labyrinthe fantomatique fait de murs de lumière où demeureraient ombres opalescentes ou silhouettes évanescentes (rien d'un mur, in fine) figurerait-il ce décor fantasmatique ?
A l'image de mythes (Déesse aux serpents -divinité minoenne- et Lilith -femme insoumise) sublimant le fait divers (homme violent, séquestrations, mort accidentelle) conté par Les serpents, une sublimation de la représentation elle-même serait-elle possible ? Saurait-on faire ressentir au spectateur ses propres impressions et persistances optiques et auditives comme des mirages et des acouphènes ?
Y aurait-il une analogie possible entre la spatialité des Serpents et celle de la tragédie antique ? (Dans la maison sont enfermés deux enfants que l'on "pare", dans une cour derrière la maison se situe une cage où est mort un premier enfant, devant la maison évoluent trois protagonistes ; derrière les théâtres grecs, derrière la skene -maison d'où entraient et sortaient trois interprètes- elle-même en fond de proskenion -scène des dimensions d'un proscenium- se situe l'enceinte sacrée du temple où étaient donnés, à l'abri des regards, des sacrifices.)
Mêler, emmêler spatialités scéniques contemporaine et antique : de cette réappropriation des dogmes (voire leur transgression ?) naîtra la scénographie (alors emprunte de sorcellerie ?) de nos Serpents.
"Je ne sais pas. C'est possible. Oui. (...) Crois-tu ?"